L’objectif affiché de la conférence était de relancer les efforts diplomatiques pour la création d’un État palestinien indépendant aux côtés d’Israël. Bien que le concept de deux États soit discuté depuis des décennies, les participants ont souligné l’urgence d’agir face à la situation humanitaire catastrophique à Gaza et à l’impasse politique actuelle. Voici les prises de position marquantes exprimées lors de cet événement.
António Guterres : « La destruction de Gaza est insupportable »
Le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a dressé un constat alarmant. Il a affirmé que la situation a atteint un point critique, mettant en péril la stabilité régionale et mondiale.
S’il n’a pas explicitement condamné les crimes commis à Gaza, il a cependant insisté sur l’urgence d’un arrêt des violences, qualifiant la destruction massive de Gaza d’« insupportable ».
Il a dénoncé l’annexion progressive de la Cisjordanie et les souffrances infligées aux civils palestiniens : famines, massacres, déplacements forcés. Selon lui, la solution à deux États est aujourd’hui plus éloignée que jamais. Guterres a mis en garde contre les actions unilatérales qui sapent tout espoir de paix durable.
Il a appelé à faire de cette conférence un tournant décisif, et non un simple exercice rhétorique. La communauté internationale, selon lui, doit assumer sa responsabilité pour empêcher l’effondrement total de l’ordre fondé sur le droit.
Le Canada plaide pour du courage politique et une paix durable
Anita Anand, ministre des Affaires étrangères du Canada, a réaffirmé l’engagement d’Ottawa envers la protection des civils et le soutien à une reconstruction menée par les Palestiniens eux-mêmes.
Elle a insisté sur la nécessité d’un « courage politique » pour dépasser les divisions et raviver la volonté d’instaurer la solution à deux États.
Pour le Canada, cette voie est « la seule possible » vers une paix juste et durable. Elle a souligné que cette paix ne se résume pas à des accords ou à des frontières, mais qu’elle repose aussi sur la création d’un récit partagé et sur la reconnaissance de l’humanité de chaque partie.
Le Canada souhaite renforcer les institutions palestiniennes et promouvoir la confiance mutuelle. La diplomate a mis en avant la nécessité d’initiatives qui donnent la parole à la paix et qui s’opposent aux discours de haine et aux clivages.
La Norvège : reconnaître la Palestine n’est qu’un premier pas
Espen Barth Eide, ministre des Affaires étrangères de Norvège, a rappelé la reconnaissance officielle de l’État palestinien par son pays en mai 2024. Il a toutefois précisé que cette reconnaissance n’est qu’un début.
Selon lui, il est indispensable de poser les fondements solides d’un État palestinien viable, avec des institutions fortes, une économie stable et une démocratie fonctionnelle. Pour Oslo, cette démarche vise à affirmer le droit inaliénable des Palestiniens à la liberté, à l’égalité et à l’autodétermination.
Le ministre a également insisté sur l’importance du soutien international à la construction concrète de cet État. La Norvège appelle donc à une mobilisation durable au-delà des gestes symboliques, afin que la reconnaissance se traduise en réalité politique et institutionnelle sur le terrain.
La Turquie dénonce l’occupation israélienne comme obstacle principal
Nooh Yilmaz, vice-ministre turc des Affaires étrangères, a désigné l’occupation israélienne comme le principal obstacle à la création d’un État palestinien. Il a salué la récente décision de la France de reconnaître la Palestine et a appelé d'autres pays à lui emboîter le pas.
Yilmaz a mis en garde contre les projets d’annexion imminente de la Cisjordanie par Israël, rappelant la résolution votée par la Knesset le 23 juillet. Il a affirmé que des propositions concrètes ont été formulées pour renforcer les capacités de l’Autorité palestinienne.
Il a également évoqué la volonté croissante des groupes internationaux de mettre fin aux souffrances prolongées du peuple palestinien. La Turquie appelle à une action ferme et coordonnée pour contrer les politiques d’annexion et faire avancer la justice en faveur de la Palestine.
L’Irlande appelle à saisir cette opportunité pour une paix durable
Eamon Higgins, ministre irlandais en charge des dépenses publiques, a décrit la situation à Gaza comme « désespérée » et « intolérable ». Il a souligné que la conférence, coprésidée par la France et l’Arabie saoudite, doit insuffler un sentiment d’urgence et de responsabilité partagée.
Selon lui, la famine généralisée à Gaza est une insulte à la conscience humaine collective. Higgins a appelé à un cessez-le-feu immédiat, à la libération des prisonniers et à l’entrée massive d’aide humanitaire. Il a réaffirmé que la solution à deux États reste l’unique voie vers une paix juste, en accord avec le droit international et les résolutions des Nations Unies.
L’Irlande se dit prête à soutenir activement ce processus, pour mettre fin à un conflit qu’elle qualifie de « dévastateur ».
L’Égypte et l’Arabie saoudite dénoncent la catastrophe humanitaire à Gaza
Badr Abdel Aaty, ministre égyptien des Affaires étrangères, a qualifié la situation humanitaire à Gaza et en Cisjordanie de « catastrophique ». Il a rappelé les efforts conjoints de l’Égypte avec le Qatar et les États-Unis pour obtenir un cessez-le-feu.
L’Égypte continue également de former les forces de sécurité palestiniennes afin de préparer l’exercice de l’autorité en Palestine. Le ministre a insisté sur la nécessité de soutenir la résilience du peuple palestinien sur ses terres. Son homologue saoudien, Faisal bin Farhan, a pour sa part déclaré que la catastrophe actuelle est le résultat direct de l’agression israélienne.
Il a affirmé que la paix ne pourra s’établir dans la région qu’avec la justice pour les Palestiniens. L’Arabie saoudite considère la création d’un État palestinien indépendant comme une condition incontournable à toute sécurité régionale durable.