Selon Al Jazeera, fondée il y a quelques années, cette institution se donne pour mission de concilier l’enseignement religieux islamique et les programmes académiques internationaux.
Dans un pays où les musulmans représentent une minorité significative, mais souvent confrontée au dilemme entre tradition et modernité, cette école apparaît comme un modèle innovant. Elle démontre que l’excellence scientifique peut aller de pair avec une éducation spirituelle et morale profondément ancrée dans l’identité islamique.
Un équilibre entre identité religieuse et excellence académique
L’école « Olive Crescent» est née de la volonté de répondre aux attentes pressantes des familles musulmanes kenyanes.
Pendant longtemps, ces dernières étaient contraintes de choisir entre deux options opposées : inscrire leurs enfants dans des écoles islamiques locales, centrées sur l’étude du Coran mais limitées en ouverture académique, ou opter pour des établissements internationaux prestigieux, qui négligeaient largement la transmission de l’identité et des valeurs islamiques.
L’initiative du fondateur, le cheikh Saïd Al-Raji, un Canadien d’origine somalienne, a donc consisté à réunir ces deux mondes en apparence inconciliables.
Le nom même de l’école reflète ce projet : « Olivier symbolise la paix et la bénédiction, tandis que le croissant renvoie à l’islam. L’institution propose ainsi le programme britannique de Cambridge, préparant les élèves aux examens internationaux IGCSE, tout en intégrant systématiquement une dimension islamique aux disciplines enseignées.
Les cours de sciences, de mathématiques ou de langues sont complétés par l’apprentissage du Coran, de l’arabe et des valeurs morales.
Les salles de classe sont modernes et équipées, mais chaque espace rappelle aussi la dimension spirituelle : versets, hadiths et maximes éducatives décorent les couloirs. Le projet repose sur une philosophie claire : former des musulmans confiants dans leur identité, capables de réussir dans les universités les plus exigeantes du monde, tout en restant attachés à leur héritage culturel et religieux.
Cette approche rencontre un succès grandissant. En seulement trois ans, l’école a attiré des élèves venus non seulement du Kenya, mais aussi des pays voisins. Des parents témoignent de leur satisfaction : ils y voient enfin un lieu où leurs enfants peuvent concilier réussite académique et fidélité à leur foi.
La directrice, Afâq Tijani, insiste d’ailleurs sur l’importance de cet équilibre : l’école entend offrir à ses élèves une double fierté, celle de l’excellence scientifique et celle de l’ancrage islamique.
Un projet éducatif global et une vitrine pour l’avenir
Au-delà du contenu académique, « Olive Crescent» met en œuvre une pédagogie holistique. Les élèves ne sont pas seulement formés aux matières classiques, mais participent aussi à des activités sportives, artistiques et culturelles. Le football, le basket-ball et d’autres activités permettent de développer leurs talents, tandis que des salles spécialisées sont consacrées à la mémorisation du Coran sous la supervision de maîtres qualifiés.
Chaque semaine, l’école met en avant une valeur islamique – comme l’honnêteté ou la responsabilité – que les enseignants cherchent à renforcer aussi bien en classe que dans les activités parascolaires.
L’institution cherche également à créer un environnement propice à la vie religieuse. Les prières collectives rythment la journée scolaire, et l’ambiance générale vise à offrir aux enfants un sentiment d’appartenance et de sérénité. Pour beaucoup de visiteurs, l’image d’élèves se mettant en rang pour accomplir la prière du midi est l’illustration vivante de la réussite du projet : l’islam et la modernité ne s’excluent pas, ils peuvent s’harmoniser.
Cependant, le chemin n’est pas sans défis. Les frais de scolarité, jugés élevés par certains parents, reflètent le coût d’un programme international allié à des infrastructures modernes et à un corps enseignant qualifié. De plus, maintenir la qualité exige des investissements constants dans la formation des enseignants et l’adaptation du programme. Malgré ces obstacles, l’école continue de croître et reçoit le soutien de nombreuses familles convaincues de la pertinence de sa mission.
En définitive, « Olive Crescent» n’est pas seulement une école, mais un projet culturel et éducatif qui ambitionne de redéfinir la place de l’enseignement islamique en Afrique. En associant science et foi, discipline académique et valeurs spirituelles, elle propose un modèle exportable vers d’autres pays où les communautés musulmanes cherchent des solutions éducatives inclusives et équilibrées.
Dans les couloirs de cette école, le Coran et les sciences modernes ne s’opposent pas : ils dialoguent, pour former une génération apte à relever les défis du monde contemporain tout en restant fidèle à son identité.