Un linguiste syrien .

Sans le Coran la langue arabe n'existerait pas

6:50 - August 18, 2025
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IQNA-Le linguiste syrien estime que sans le Coran, la langue arabe n’aurait jamais connu son essor.

Dans un article publié sur le site d’Al Jazeera, Mohammad Hussein Al-Tayan souligne que le Coran fut le véritable moteur qui transforma l’arabe d’un idiome tribal en une langue internationale et savante.

Selon lui, le jour où Dieu a choisi l’arabe comme langue du Coran, ce fut le début d’un double processus : d’une part, une lutte incessante contre cette langue, visée par ses détracteurs tout au long de l’histoire ; d’autre part, l’ouverture d’un champ illimité de savoirs.

En effet, les sciences linguistiques arabes — grammaire, rhétorique, lexicographie — ont toutes pris naissance dans l’étude du Livre sacré, pour mieux comprendre ses sens et sa profondeur. C’est pourquoi, conclut Al-Tayan, nombre de chercheurs affirment que si le Coran n’existait pas, la langue arabe non plus.

Le Coran, clé de la langue arabe
 
Le Coran est considéré comme la clé de la langue arabe. C’est à travers lui que cette langue s’est fait connaître, qu’elle s’est développée et qu’elle a atteint sa maturité.
 
Grâce au Livre sacré, l’arabe est passé d’un idiome local et tribal à une langue internationale et à la langue de toute la communauté musulmane.
 
Le penseur Râghib al-Isfahânî souligne dans Al-Mufradât que les mots du Coran constituent l’essence même du langage arabe : juristes et philosophes y puisent leur savoir, tandis que poètes et écrivains s’en inspirent.
 
Ainsi, la maîtrise de l’arabe apparaît indispensable pour quiconque veut accéder aux sciences du Coran, de la grammaire et du tajwîd à l’exégèse et à la compréhension des versets.
 
Les mots rares du Coran
 
La révélation progressive du Coran au Prophète Muhammad (psl) fit de lui le premier exégète du Livre divin et le maître de ses compagnons. Il leur récitait les versets, leur enseignait la sagesse et leur expliquait les passages obscurs. Parmi ses disciples, Abd Allâh ibn Abbâs, son cousin, fut particulièrement distingué.
 
Le Prophète (psl) prononça pour lui cette célèbre invocation : « اللهم فقهه في الدين و علّمه التأويل » (Ô Seigneur, accorde-lui la compréhension de la religion et enseigne-lui l’interprétation). Ibn `Abbâs devint ainsi l’une des grandes références de l’exégèse.
زبان‌شناس سوری: اگر قرآن نبود، زبان عربی هم وجود نداشت
 
Le Prophète (psl) recourait souvent à la poésie arabe pour éclairer le sens des termes coraniques, affirmant : « الشعر ديوان العرب ». Si un mot paraissait obscur, il renvoyait à la poésie comme témoignage linguistique. Ce lien entre le Coran et le patrimoine poétique préislamique se retrouve dans les célèbres « مسائل نافع بن الأزرق », une série de questions posées à Ibn Abbâs par Nâfi ibn al-Azraq. Rassemblées et étudiées par de nombreux érudits, elles atteignent 287 selon l’édition critique du Dr. Muhammad al-Dâlî.
 
Ainsi, à propos du verset : « يُرْسَلُ عَلَيْكُمَا شُوَاظٌ مِنْ نَارٍ وَنُحَاسٌ », (Ar Rahman-35) "Ibn `Abbâs expliquait que « الشواظ » signifie une flamme sans fumée, en s’appuyant sur des vers attribués à أمية بن خلف. Quant à « نُحَاسٌ », il l’interprétait comme une fumée sans flamme, en citant نابغة :
« يضيء كضوء سراج السليطِ لم يجعلِ اللهُ فيه نُحاسا ».
 
De même, sur le verset : « أَمْشَاجٍ نَبْتَلِيهِ » , (Insan-2) il précisait que « الأمشاج » désigne le mélange de la semence de l’homme et de la femme, en renvoyant à un passage poétique d’أبو ذؤيب الهذلي.
 
Ces échanges ne se limitent pas à une curiosité philologique : ils témoignent de l’intérêt ancien pour les mots rares ou difficiles du Livre sacré. Les compagnons, puis les générations suivantes, développèrent ainsi une tradition lexicographique qui posa les bases de la grammaire, de la rhétorique et des dictionnaires arabes. Comme le rappelait عمر بن الخطاب : « تعلموا الشعر، فإنه فيه محاسن تستحب ومساوئ تجتنب » (Apprenez la poésie, car elle contient des vertus à rechercher et des vices à éviter).
 
De cette attention naquit une discipline autonome : la science des mots rares du Coran. Elle établit un lien indéfectible entre révélation, poésie arabe et sciences linguistiques, faisant du Coran non seulement un texte sacré, mais aussi le fondement de la langue arabe savante.
 
Les sciences arabes au service du Coran
 
Les différentes sciences de la langue arabe — morphologie (ṣarf), grammaire (naḥw), tajwîd, phonétique, lecture (qirâ’ât), rhétorique (balâgha) — ont toutes émergé dans le cadre du Coran et pour son service.
 
L’étude de leur histoire révèle des récits étonnants qui confirment ce lien fondateur. Le maître Sa‘îd al-Afghânî souligne que la relation entre sciences coraniques et linguistiques est indissociable : toute maîtrise de l’arabe reste incomplète sans connaissance des sciences du Coran. Car l’arabe s’est structuré autour du Livre sacré, et son histoire témoigne de cette dépendance originelle.
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