La guerre contre les Druzes de Soueïda : un tournant pour les minorités dans le monde arabe

10:51 - July 27, 2025
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IQNA-Le récent conflit armé contre les Druzes de Soueïda, dans le sud de la Syrie, marque un tournant dramatique dans la géopolitique du Moyen-Orient.

Selon le politologue libanais Naji Ali Amhaz, cette guerre n’est pas un simple incident local, mais une étape inquiétante dans un projet plus large visant à redessiner la carte du monde arabe sans ses minorités.

Ce qui s’est passé à Soueïda dépasse le cadre d’un affrontement armé : c’est une attaque frontale contre une communauté historique, dans un contexte où la logique des États et des lois cède la place à la violence des milices et à l’ingérence régionale.

En moins de quelques jours, plus de 300 000 combattants issus de tribus bédouines, dont des éléments étrangers, ont été mobilisés contre les 15 000 défenseurs druzes de la région. Plus de 70 000 d’entre eux ont encerclé la province, coupant électricité, eau et communications.

Une trêve difficilement obtenue a mis fin provisoirement aux violences, mais les dégâts humains et symboliques sont immenses. Derrière ce siège, on perçoit une orchestration politique dont le régime syrien ne peut être totalement dissocié.

Le silence de Damas face à la mobilisation massive et au blocus militaire laisse penser à une stratégie de punition collective, voire de nettoyage confessionnel.

Dans ce climat de guerre asymétrique, Israël a justifié ses frappes aériennes en se présentant comme protecteur des Druzes, une posture paradoxale qui alimente encore plus la complexité du conflit. Ces interventions montrent que la guerre a franchi ses limites territoriales pour devenir un enjeu international, où chaque acteur tente de défendre ses intérêts sous couvert de protection communautaire.

Cette instrumentalisation des minorités pour des objectifs géopolitiques élargit les fractures internes et rend impossible toute réconciliation à court terme.

La situation à Soueïda reflète une réalité plus large : les minorités, qu'elles soient druzes ou chrétiennes, ne peuvent plus compter sur une quelconque protection d’État. Ce constat alarmant pose une question pressante au Liban voisin.

Le pays, fragilisé par ses propres divisions internes et la présence de centaines de milliers de réfugiés syriens, pourrait-il être le prochain théâtre d’un conflit confessionnel ? Naji Amhaz avertit : si aucun effort national n’est entrepris rapidement pour traiter les causes profondes de la crise, le Liban pourrait sombrer à son tour dans le chaos.

Enfin, pendant que le monde arabe s’enlise dans des luttes internes, la Palestine continue de souffrir en silence. L’appel de l’auteur se termine sur un espoir amer : entendre un jour ces mêmes tribus, si promptes à se battre entre elles, se lever pour libérer la Palestine. Car au fond, tant que les conflits intercommunautaires prennent le dessus, le projet colonial peut avancer sans obstacles.

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