L’Arbaïn de l’Imam Hussein : mémoire, piété et héritage spirituel

12:57 - August 12, 2025
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IQNA-Le 20 du mois de safar, quarante jours après le martyre de l’Imam Hussein (a) à Karbala, est connu sous le nom d’Arbaïn. Cette journée, d’une importance capitale dans la tradition chiite, est marquée par des rituels de deuil, des pèlerinages massifs à Karbala, et une commémoration profonde de la tragédie de l’Achoura.

L’Arbaïn symbolise la fidélité à la mémoire des martyrs de Karbala. Selon la tradition, ce jour marque la visite de Jabir ibn Abdallah Ansari, compagnon du Prophète (psl), considéré comme le premier pèlerin sur la tombe de l’Imam Hussein (as). La ziyarat de l’Arbaïn, transmise par l’Imam Hassan al-Askari (as), est l’un des signes du croyant. Chaque année, des millions de fidèles marchent vers Karbala, en un pèlerinage devenu l’une des plus grandes manifestations religieuses au monde. Cette commémoration vise à renforcer les valeurs de justice, de sacrifice et de résistance.

Un héritage spirituel en perpétuelle renaissance

La ziyarat d’Arbaïn, pèlerinage commémoratif du 20 safar marquant le quarantième jour après le martyre de l’Imam Hussein (as), possède des racines profondes dans l’histoire religieuse musulmane. Marcher vers un lieu sacré est un acte ancien : selon certaines traditions, le prophète Adam aurait marché mille fois jusqu’à la Kaaba, tandis que l’empereur byzantin Héraclius aurait accompli un vœu en se rendant à pied à Jérusalem après une victoire.

Parmi les chiites, la ziyarat à pied vers les mausolées des imams est attestée dès l’époque des Imams eux-mêmes. Cependant, cette tradition a connu des hauts et des bas, selon les contextes politiques. Sous les dynasties chiites comme les Bouyides ou les Safavides, elle fut encouragée. En 431 H., Jalâl al-Dawla, descendant d’‘Adhud al-Dawla, parcourut à pied la distance entre Koufa et Najaf. Plus tard, le roi safavide Shah Abbas entreprit à pied le pèlerinage vers le sanctuaire de l’Imam Reza à Mashhad.

La marche d’Arbaïn telle qu’on la connaît aujourd’hui s’est structurée au fil du temps, malgré des périodes d’interdiction, notamment sous Saddam Hussein. Après la chute du régime baathiste en 2003, elle a connu un renouveau spectaculaire. Des millions de pèlerins, venant majoritairement d’Irak et d’Iran, mais aussi de communautés sunnites, chrétiennes ou yézidies, marchent depuis Najaf vers Karbala.

Selon l’érudit Seyyed Mohammad-Ali Qazi Tabataba’i, la marche d’Arbaïn était pratiquée dès l’époque des Imams. Elle fut ensuite relancée par des figures comme le muhaddith Nouri au XIXe siècle. Le livre Adab al-Taf décrit déjà la participation de plus d’un million de fidèles. Arbaïn est ainsi devenu un pilier vivant de la mémoire chiite.

Fondements spirituels et mérites de la ziyarat

La commémoration de l’Arbaïn, quarante jours après le martyre de l’Imam Hussein (as), s’enracine dans des récits sacrés issus des traditions chiites. Ces récits accordent une valeur spirituelle exceptionnelle à la visite du mausolée de l’Imam, notamment lorsqu’elle est accomplie à pied. Selon l’Imam Ja‘far al-Sadiq (as), quiconque sort de sa maison pour visiter la tombe de l’Imam Hussein à pied verra une bonne action inscrite pour chaque pas, un péché effacé, et, à son arrivée, sera compté parmi les élus. L’Imam ajoute que le Prophète Muhammad (psl) adressera personnellement ses salutations à ce pèlerin, lui annonçant que ses fautes passées sont pardonnées.

Un autre hadith rapporte que celui qui visite Hussein (as) à pied reçoit, à chaque pas, une élévation de degré spirituel. Deux anges l’accompagnent tout au long du trajet, enregistrant ses bonnes paroles et ignorant les mauvaises. À son retour, ces anges lui annoncent : « Ô ami de Dieu, tes péchés sont absous. Tu appartiens au parti de Dieu, du Prophète et de sa famille. »

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La tradition rapporte aussi que Jabir ibn Abdullah al-Ansari, compagnon du Prophète, fut le premier à visiter la tombe de l’Imam Hussein (a) lors du tout premier Arbaïn. Accompagné d’Atiyya al-‘Awfi, il atteignit Karbala, fit ses ablutions dans l’Euphrate, se parfuma, marcha en prononçant des dhikr, et s’évanouit sur la tombe. À son réveil, il salua Hussein et les martyrs de Karbala, affirmant que leur sang versé était un triomphe spirituel, et déclara : « Nous sommes avec vous dans votre combat. » Il conclut par un hadith prophétique : « Celui qui aime un peuple sera ressuscité avec eux. »

Ces récits, transmis par les Imams et les compagnons, ont établi la ziyarat d’Arbaïn comme un acte de foi majeur. Ils forment aujourd’hui la base spirituelle d’un des plus grands rassemblements religieux au monde, honoré par des millions de fidèles marchant jusqu’à Karbala pour se connecter à l’héritage du sacrifice et de la justice.

Sara Hamidi

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