Les festivals comme outils de la judaïsation de Jérusalem occupée

16:54 - August 07, 2025
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IQNA-La judaïsation de Jérusalem-Est s’intensifie à travers des moyens de plus en plus sophistiqués.

Selon un rapport d’Ali Ibrahim pour Al Jazeera, les autorités israéliennes exploitent divers dispositifs culturels, notamment les festivals, pour modifier l’identité historique et urbaine de la ville.

Ces événements sont organisés par de multiples institutions israéliennes, chacune ciblant un aspect spécifique de Jérusalem. En parallèle, les initiatives culturelles palestiniennes y sont systématiquement interdites ou réprimées.

Les festivals juifs — tels que le Festival international du film de Jérusalem, le Festival de la lumière (Hanouka), ou encore des événements gastronomiques comme "Auto Food" — servent ainsi de vitrines pour camoufler une politique de transformation profonde de l’espace urbain.

Ces manifestations, concentrées en été, visent souvent des sites historiques sensibles et s’inscrivent dans une stratégie de longue durée visant à effacer la mémoire culturelle palestinienne au profit d’un récit réécrit.

Les principaux festivals organisés par les autorités israéliennes à Jérusalem occupée

Les autorités israéliennes utilisent divers festivals comme instruments de judaïsation de Jérusalem-Est occupée, ciblant sites historiques et quartiers palestiniens. Ces événements s’inscrivent dans une stratégie culturelle visant à modifier l’identité de la ville.
 
Le Festival international du film de Jérusalem, organisé chaque juillet, débute à Birkat al-Sultan, un site historique de la vieille ville. L’édition 2024, tenue malgré la guerre à Gaza, a attiré près de 70 000 colons.
 
Le Festival de la culture israélienne, lancé en 1961 puis transféré à Jérusalem en 1982, se tient chaque printemps. Il met en avant des spectacles de danse, de jazz, de théâtre et d’arts visuels dans des lieux emblématiques de Jérusalem-Ouest.
 
Le Festival "Autofood", organisé dans le quartier de Wadi al-Rababa à Silwan, vise à attirer les colons via gastronomie, musique et loisirs, à proximité immédiate de la mosquée al-Aqsa.
 
Le Festival des Lumières, le plus symbolique, transforme la vieille ville en spectacle de sons et lumières. Il cible notamment Bab al-‘Amoud, Bab al-Khalil, les murailles et plusieurs sites musulmans et chrétiens, mêlant lasers, projections et représentations artistiques au récit israélien.
 
Le Festival de Shesh-Besh, tournoi de jeu de dés organisé à Bab al-Jadid, cherche à normaliser la présence coloniale par une participation mixte entre colons et Palestiniens.
 
Enfin, en 2016, un festival du vin a été prévu sur le cimetière islamique historique de Ma'man Allah, avec la participation de restaurants israéliens, suscitant l'indignation palestinienne.
 
Ces événements culturels sont utilisés pour occulter la mémoire palestinienne, renforcer la présence coloniale et redessiner l’image de Jérusalem au service du récit israélien.
 
Sites ciblés par les festivals israéliens à Jérusalem occupée
 
Plusieurs festivals israéliens sont délibérément organisés dans des lieux historiques sensibles de Jérusalem-Est.
 
Certains ont lieu à proximité immédiate de la mosquée al-Aqsa, comme le festival "Autofood" dans le quartier de Wadi al-Rababa à Silwan. D’autres utilisent des sites islamiques anciens comme Birkat al-Sultan, dégradé chaque année par le Festival international du film de Jérusalem.
 
Certains festivals se tiennent même dans des cimetières musulmans, témoignant d’une volonté claire de judaïser l’espace urbain.
 
Ce choix d’emplacements n’est pas anodin : il s’inscrit dans une politique systématique visant à effacer l’identité islamique de la ville et à transformer Jérusalem en un espace exclusivement israélien, sous couvert de manifestations culturelles.
 

Les principaux soutiens institutionnels des festivals israéliens à Jérusalem

 
Les festivals organisés à Jérusalem occupée bénéficient du soutien direct d’institutions israéliennes telles que la municipalité, l’Autorité de développement de Jérusalem et le Département israélien des antiquités.
 
Selon The Jerusalem Post (2006), le Festival de la culture israélienne a été financé à hauteur de 2,5 millions de shekels par des sponsors privés, en plus de 3,5 millions de shekels alloués par le ministère israélien de la Culture.
 
Plusieurs banques y ont contribué entre 100 000 et 250 000 shekels, tandis que la municipalité a versé 500 000 shekels. Le soutien ne se limite pas aux activités : des infrastructures sont aménagées dans les sites historiques visés, comme à Birkat al-Sultan en 2022, facilitant leur judaïsation et l’arrivée accrue de colons et de touristes.
 
Conséquences des festivals israéliens à Jérusalem occupée
 
Les festivals israéliens organisés à Jérusalem-Est ne se limitent pas au divertissement : ils sont un instrument stratégique au service d’une politique de transformation culturelle et narrative. À travers ces événements, les autorités d’occupation cherchent à effacer l’identité palestinienne, à modifier le paysage historique et à imposer une version sioniste de la présence juive dans la ville.
 
Parmi les principales conséquences observées :
 
– Effacement culturel : ces festivals participent à la réécriture du récit historique en présentant Jérusalem comme capitale culturelle et artistique d’Israël, en parallèle de sa revendication comme capitale politique.
 
– Répression des activités palestiniennes : alors que les festivals israéliens se multiplient, les autorités interdisent systématiquement les événements culturels palestiniens et ferment les institutions civiles engagées dans la préservation de l’identité locale.
 
– Détournement des sites historiques : des lieux islamiques anciens sont utilisés à des fins festives, altérant leur fonction originelle et empêchant leur accès aux Palestiniens.
 
– Renforcement de la colonisation : les infrastructures liées aux festivals facilitent l’expansion coloniale, en attirant les colons et en masquant les repères historiques palestiniens.
 
– Imposition symbolique : ces événements diffusent un récit idéologique, véhiculant symboles et valeurs sionistes, au détriment de l’héritage authentique de la ville.
 
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